Dans l’objectif de renforcer la collaboration, de créer des liens transfrontaliers fiables entre les comités et les homologues, et d’échanger sur les expériences, les meilleures pratiques et les enseignements tirés afin de lutter contre les problèmes auxquels le secteur de l’exploitation minière artisanale et petite échelle (EMAPE) des quatre pays du fleuve Mano est confronté, un atelier sous-régional s’est ouvert ce mardi 17 juin 2025 au Libéria.
Cette rencontre à laquelle participent des représentants des organismes nationaux chargés de l’application de la loi, des membres des communautés activement impliqués dans la zone frontalière, des membres des comités de lutte contre la contrebande, a pour but de relever collectivement ces défis. Elle a été rehaussée par la présence d’une délégation guinéenne conduite par le directeur adjoint des programmes du centre du commerce international pour le développement, par ailleurs coordinateur du programme MIDEXA, Mamadou Diaby.
Organisé avec le soutien de la GIZ, du ministère fédéral Allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ) ainsi que de l’Union européenne, durant ces deux jours de formation, les participants venus des quatre pays membres de l’Union du Fleuve Mano (UFM) : la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, vont être outillés sur les notions liées au renforcement de capacités, afin d’encourager la collaboration dans la région de l’Union du Fleuve Mano. Donner aux acteurs locaux les moyens de jouer un rôle actif dans la mise en place d’un secteur EMAPE plus transparent, plus inclusif, plus responsable et plus particulièrement de contribuer à éviter la contrebande transfrontalière de minerais, le blanchiment d’argent lié au secteur et le financement du terrorisme. Les apprendre de pair à pair grâce au partage d’expériences, à l’échange de bonnes pratiques et aux enseignements tirés. Également, favoriser la création d’un réseau régional solide de la société civile et des autorités chargées de l’application de la loi. De lutter conjointement contre la contrebande transfrontalière de matières précieuses et les flux financiers illicites liés à ce secteur.
Devant les participants et les organisateurs, la délégation guinéenne, par la voix de son porte-parole Mamadou Diaby du CECIDE, a, dans son intervention, fait part aux participants des actions réalisées dans le cadre de la lutte contre la contrebande minière, des obstacles rencontrés et des pistes de solutions pour une coopération régionale renforcée.

« Au nom de mes collègues, permettez-moi de vous dire que, chez nous en Guinée, des groupes organisés font venir des compatriotes maliens ou burkinabè pour extraire nos ressources, tandis que l’or est revendu à des réseaux fermés avant d’être exporté frauduleusement. Nous sommes aussi confrontés aux multiples complicités au niveau local, voire même parmi certains responsables administratifs qui facilitent ces trafics en échange de commissions », a indiqué le chef de la délégation guinéenne à cette rencontre.
Et Mamadou Diaby d’ajouter «dans le souci de lutter contre ce phénomène, nous avons organisé des campagnes de sensibilisation dans les zones minières clandestines dans les zones de Konfra, Angola, Faranidadjan , où des réseaux étrangers exploitent illégalement l’or».

Par ailleurs, le porte-parole de la délégation guinéenne a aussi évoqué le défi majeur qui selon lui les freines dans leur élan de lutte contre la contrebande minière.
« Les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés est le manque de moyens logistiques (motos, carburant, équipements) , l’absence d’un cadre légal permettant d’intervenir directement sur les sites miniers illégaux»
C’est pourquoi, il a saisi l’occasion pour transmettre aux bailleurs les quelques recommandations de la délégation guinéenne.
« Pour une action coordonnée. Vu l’ampleur des défis, la délégation guinéenne recommande: le renforcement des moyens opérationnels en nous dotant des motos tout-terrain, des appareils photo professionnels et des tenues adaptées pour les patrouilles. La collaboration institutionnelle par la signature de protocoles avec la gendarmerie, la police des frontières et les douanes pour des interventions conjointes. La sensibilisation communautaire en nous appuyant dans l’organisation des causeries éducatives impliquant les leaders locaux et religieux. Nous aider à avoir un système d’alerte sécurisé par la création d’une ligne téléphonique anonyme pour signaler les cas de fraude»
Avant de clôturer son intervention, Mamadou Diaby a adressé un message aux participants en ces termes : « Seuls, nous sommes vulnérables. Unis, nous pouvons protéger nos ressources pour les générations futures. »
De son côté, la Sierra Leone a partagé ses propres expériences, cela en mettant en lumière des bonnes pratiques transposables. Dr Jakob Haselberger, ambassadeur d’Allemagne au Libéria, a salué la qualité des présentations et rappelé l’importance de « construire une réponse collective à un fléau qui dépasse les frontières ».
Les travaux qui se poursuivent ce mercredi 18 juin, suivis de la clôture de l’atelier, seront une occasion pour les huit membres de la délégation guinéenne de défendre leur vision d’une approche intégrée, associant répression, prévention et coopération transfrontalière.
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